Guerre en Ukraine lAllemagne cherche en catastrophe de nouvelles sources dnergie

L'invasion de l'Ukraine par la Russie est un choc dont les cons?quences d?passent les fronti?res de cet immense pays qui sert de zone tampon entre l'Union europ?enne et le g?ant russe. Avant m?me que la guerre soit d?clar?e, le chancelier allemand Olaf Scholz et la ministre des Affaires ?trang?res Annalena Baerbock se sont d?plac?s ? Kiev et ? Moscou. Car l'Ukraine ?tait depuis plusieurs ann?es au coeur d'une pol?mique, d?clench?e par la construction du gazoduc Nord Stream 2. Reliant directement la Russie et l'Allemagne, il prive l'Ukraine de millions d'euros de taxes. Ces millions re?us en raison du passage des pipelines russes sur son territoire, le pays peut difficilement s'en priver. Ce "m?nage ? trois" explique sans doute combien l'Allemagne est soucieuse de garantir sa solidarit? ? l'Ukraine, au risque de s'engager trop avant dans un conflit qui pourrait la d?passer.
Toujours est-il que l'invasion russe a automatiquement sign? l'arr?t de la mise en service de Nord Stream 2, que le gouvernement de coalition allemand rechignait ? faire certifier. Entre-temps, la soci?t? bas?e en Suisse qui devait l'exploiter, filiale du groupe gazier russe Gazprom, a d?pos? son bilan, nous apprend le Spiegel, alors que le gazoduc est ? pr?sent bel et bien achev?, malgr? les sanctions et les pressions des pr?sidents des ?tats-Unis Donald Trump, puis Joe Biden.

Cette d?sapprobation am?ricaine des relations commerciales entre l'Allemagne et la Russie ne date pas d'hier, rappelle le codirecteur du Centre Leibniz de Recherche en histoire contemporaine, Frank B?sch, dans l'hebdomadaire Die Zeit. Elle est r?currente depuis plus de 60 ans, et plus pr?cis?ment depuis que l'Allemagne et l'URSS ont scell? leur coop?ration ?nerg?tique ? la fin des ann?es 1950, lorsque les entreprises ouest-allemandes ont apport? leur mat?riel et leur savoir-faire technique aux Sovi?tiques pour qu'ils puissent exploiter leurs gisements de gaz et de p?trole en Sib?rie. Fin 1962, le gouvernement d'Adenauer a d? c?der aux injonctions de l'OTAN, qui imposaient un embargo sur les gros tubes, ce qui a caus? un immense pr?judice ? l'?conomie ouest-allemande. Mais d?s 1966, avec la lev?e de l'embargo, les affaires reprennent, et l'on consid?re alors non seulement que l'URSS est un partenaire plus fiable que les pays p?troliers du Proche et du Moyen-Orient, mais ?galement que le gaz sovi?tique, plus abondant, est plus ?cologique et moins cher que le charbon et le p?trole. Lors de la guerre contre l'Afghanistan au cours des ann?es 1980, Washington somme l'Allemagne de sanctionner Moscou, mais le gouvernement f?d?ral refuse, faisant toujours pr?valoir le commerce sur les consid?rations "morales". En outre, note l'historien, les victimes de ces ?changes ont toujours ?t? les ?tats travers?s par les gazoducs, car les augmentations de livraisons demand?es par la RFA ont impliqu? une augmentation des prix et une diminution des quantit?s pour les pays "fr?res" de l'Est. Depuis la chute du Mur, ce processus de limitation des approvisionnements n'a cess? de s'accentuer, l'URSS, puis la Russie, exer?ant "son pouvoir ?nerg?tique en Europe centrale et orientale de mani?re encore plus impitoyable". Ce qui n'a pas emp?ch? la coop?ration germano-russe de prosp?rer, comme le prouve la construction des gazoducs Nord Stream 1 d?s 2011, et Nord Stream 2, d?cid?e en 2015, soit un an apr?s l'annexion de la Crim?e par la Russie.

La fin du gazoduc Nord Stream 2

L'invasion de l'Ukraine par la Russie est un choc dont les cons?quences d?passent les fronti?res de cet immense pays qui sert de zone tampon entre l'Union europ?enne et le g?ant russe. Avant m?me que la guerre soit d?clar?e, le chancelier allemand Olaf Scholz et la ministre des Affaires ?trang?res Annalena Baerbock se sont d?plac?s ? Kiev et ? Moscou. Car l'Ukraine ?tait depuis plusieurs ann?es au coeur d'une pol?mique, d?clench?e par la construction du gazoduc Nord Stream 2. Reliant directement la Russie et l'Allemagne, il prive l'Ukraine de millions d'euros de taxes. Ces millions re?us en raison du passage des pipelines russes sur son territoire, le pays peut difficilement s'en priver. Ce "m?nage ? trois" explique sans doute combien l'Allemagne est soucieuse de garantir sa solidarit? ? l'Ukraine, au risque de s'engager trop avant dans un conflit qui pourrait la d?passer.
Toujours est-il que l'invasion russe a automatiquement sign? l'arr?t de la mise en service de Nord Stream 2, que le gouvernement de coalition allemand rechignait ? faire certifier. Entre-temps, la soci?t? bas?e en Suisse qui devait l'exploiter, filiale du groupe gazier russe Gazprom, a d?pos? son bilan, nous apprend le Spiegel, alors que le gazoduc est ? pr?sent bel et bien achev?, malgr? les sanctions et les pressions des pr?sidents des ?tats-Unis Donald Trump, puis Joe Biden.

Plus de 60 ans de coop?ration ?nerg?tique entre l'Allemagne et la Russie

Cette d?sapprobation am?ricaine des relations commerciales entre l'Allemagne et la Russie ne date pas d'hier, rappelle le codirecteur du Centre Leibniz de Recherche en histoire contemporaine, Frank B?sch, dans l'hebdomadaire Die Zeit. Elle est r?currente depuis plus de 60 ans, et plus pr?cis?ment depuis que l'Allemagne et l'URSS ont scell? leur coop?ration ?nerg?tique ? la fin des ann?es 1950, lorsque les entreprises ouest-allemandes ont apport? leur mat?riel et leur savoir-faire technique aux Sovi?tiques pour qu'ils puissent exploiter leurs gisements de gaz et de p?trole en Sib?rie. Fin 1962, le gouvernement d'Adenauer a d? c?der aux injonctions de l'OTAN, qui imposaient un embargo sur les gros tubes, ce qui a caus? un immense pr?judice ? l'?conomie ouest-allemande. Mais d?s 1966, avec la lev?e de l'embargo, les affaires reprennent, et l'on consid?re alors non seulement que l'URSS est un partenaire plus fiable que les pays p?troliers du Proche et du Moyen-Orient, mais ?galement que le gaz sovi?tique, plus abondant, est plus ?cologique et moins cher que le charbon et le p?trole. Lors de la guerre contre l'Afghanistan au cours des ann?es 1980, Washington somme l'Allemagne de sanctionner Moscou, mais le gouvernement f?d?ral refuse, faisant toujours pr?valoir le commerce sur les consid?rations "morales". En outre, note l'historien, les victimes de ces ?changes ont toujours ?t? les ?tats travers?s par les gazoducs, car les augmentations de livraisons demand?es par la RFA ont impliqu? une augmentation des prix et une diminution des quantit?s pour les pays "fr?res" de l'Est. Depuis la chute du Mur, ce processus de limitation des approvisionnements n'a cess? de s'accentuer, l'URSS, puis la Russie, exer?ant "son pouvoir ?nerg?tique en Europe centrale et orientale de mani?re encore plus impitoyable". Ce qui n'a pas emp?ch? la coop?ration germano-russe de prosp?rer, comme le prouve la construction des gazoducs Nord Stream 1 d?s 2011, et Nord Stream 2, d?cid?e en 2015, soit un an apr?s l'annexion de la Crim?e par la Russie.

Une d?pendance qui rend l'Allemagne vuln?rable

R?sultat : l'Allemagne est depuis la Guerre froide largement d?pendante de la Russie, qui est son principal fournisseur de gaz, ? hauteur de 55% de ses importations ; elle lui ach?te ?galement un tiers de son p?trole et la moiti? du charbon qu'elle importe. Mais ? pr?sent voil? que le ministre de l'?conomie et de la Protection du climat, Robert Habeck, entend r?duire cette d?pendance afin d'assurer un approvisionnement ?nerg?tique ? l'Allemagne si la Russie venait ? lui couper les vivres.
Le fait que la guerre en Ukraine puisse changer une donne aussi bien ?tablie dans l'histoire constitue donc un tournant d?cisif, qui remet non seulement en cause des pratiques commerciales bien ancr?es, mais surtout la politique ?nerg?tique du gouvernement allemand telle qu'elle a ?t? d?finie dans le contrat de coalition.

Pour le moment, l'Allemagne est vuln?rable, constate la cha?ne de radio Deutsche Welle, car sa d?pendance ne se limite pas aux imports, elle est effective dans le pays m?me : Gazprom d?tient en effet plus d'un tiers des installations de stockage de gaz allemandes - et elles sont toutes presque vides, ou plut?t, elles ont sans doute ?t? "syst?matiquement vid?es", pr?sume le vice-chancelier Robert Habeck, afin de faire monter les prix... et la pression. C'est pourquoi il vient de prendre la d?cision de constituer d?sormais une r?serve strat?gique de gaz et de charbon, comme il en existe d?j? une pour le p?trole - correspondant ? 90 jours de consommation. Une nouvelle loi qui entrera en vigueur en mai 2022, prescrira donc les niveaux de remplissage minimaux pour les r?servoirs de gaz, qui devront ?tre de 80% au 1er octobre de chaque ann?e, puis de 90% au 1er d?cembre ; au 1er f?vrier, il devra rester un minimum de 40%.

Aucune option n'est exclue par principe

D'autres mesures devront ?tre prises, c'est certain, mais comment faire alors que l'Allemagne va fermer ses trois derni?res centrales nucl?aires ? la fin de l'ann?e et qu'elle a d?j? entam? sa sortie du charbon avanc?e ? 2030 ? "Toutes les options doivent ?tre mises sur la table", r?clame le ministre de l'?conomie et de l'?nergie de la Rh?nanie-du-Nord-Westphalie, Andreas Pinkwart (FDP), qui se prend ? r?ver d'un retour en gr?ce du nucl?aire et d'une remise en question de la sortie acc?l?r?e du charbon.
Soit, r?pond Robert Habeck, "rien n'est ? exclure par principe", ce qui signifie qu'il ne s'opposera ? aucune option "pour des raisons id?ologiques", mais que seul le point de vue pragmatique l'emportera, sa priorit? absolue ?tant la s?curit? de l'approvisionnement. Les experts avertissent de toute fa?on qu'il serait trop difficile de prolonger la dur?e de vie des centrales nucl?aires, ? la fois pour des raisons de s?curit? et d'un point de vue technique, car il est impossible de se procurer du combustible avant au moins un an et demi.

Recours oblig? aux ?nergies fossiles

Une fois le nucl?aire exclu, la premi?re option r?aliste consiste ? prolonger l'activit? des centrales au charbon. Selon le Spiegel, le vice-chancelier envisage ainsi ? court terme, "par pr?caution et pour ?tre pr?par?s au pire", de garder des centrales en r?serve ou m?me de laisser en activit? certaines centrales dont la fermeture ?tait pr?vue.

La deuxi?me option choisie par l'Allemagne est beaucoup plus surprenante, puisqu'elle vient de d?cider d'acheter du gaz naturel liquide (GNL), peut-?tre au Qatar, et tr?s certainement aux ?tats-Unis. Or, il n'existe aucune infrastructure de stockage de GNL sur le territoire allemand, c'est pourquoi il a ?t? d?cid? en toute h?te de construire d?s que possible deux terminaux sur la c?te de la mer du Nord, ? Brunsb?ttel et ? Wilhelmshaven, avec l'intention de les rendre utilisables pour l'hydrog?ne ult?rieurement. Les proc?dures d'autorisation vont cependant demander plusieurs ann?es, ce qui implique que ce GNL devra sans doute ?tre inject? dans le r?seau aux Pays-Bas ou en Belgique pour ?tre achemin? en Allemagne.

L'Allemagne et l'Europe : un nouveau march? pour le gaz am?ricain

Cette d?cision est d'autant plus ?tonnante de la part d'un ministre ?cologiste que le GNL est consid?r? comme un gaz "sale", car il est obtenu par fracturation, un proc?d? hautement nuisible ? l'environnement. Par ailleurs, il est plus cher que le gaz russe. Pour quelle raison l'Allemagne a-t-elle donc fait ce choix ? En qu?te de solutions rapides dans une situation quasi insoluble, Robert Habeck s'est rendu aux ?tats-Unis le 1er mars, o? il a rencontr? la ministre de l'?nergie, mais aussi le conseiller ? la s?curit? nationale et le repr?sentant pour la s?curit? ?nerg?tique au d?partement d'?tat am?ricain. Comme nous l'apprend le Handelsblatt, le vice-chancelier allemand s'est fait tirer les oreilles, les Am?ricains ne voyant pas d'un bon oeil l'ostensible lien avec la Russie que constitue Nord Stream 2, et ne souffrant pas le r?le de lobbyiste jou? par l'ancien chancelier Gerhard Schr?der. Les discussions ont abouti ? la d?cision de faire construire les deux terminaux de GNL, et ce, "afin de garantir l'approvisionnement ?nerg?tique de l'Europe et de l'Allemagne". Devenus en d?cembre 2021 le premier exportateur mondial de GNL, les ?tats-Unis sont ? la recherche de nouveaux march?s, et l'Europe est aujourd'hui plus rentable que l'Asie, car les prix de l'?nergie y ont fortement augment?.

Une guerre pour la ma?trise de l'?nergie

Cette renaissance de "l'alliance transatlantique" ne repr?sente pas la solution ? long terme, reconna?t Robert Habeck. Pour garantir l'ind?pendance ?nerg?tique de l'Allemagne et sa s?curit?, il faut donc acc?l?rer le d?veloppement des ?nergies renouvelables. Constatant ? regret que l'Allemagne est rest?e trop longtemps trop frileuse, il la somme de quitter sa "somnolence". Le ministre des Finances, Christian Lindner (FDP), auparavant peu convaincu, lui embo?te d?sormais le pas : "Les ?nergies renouvelables sont les ?nergies de la libert?", a-t-il d?clar? au Bundestag. Elles seules pourront aider l'Allemagne ? s'extirper de ce gu?pier ?nerg?tique, qui est sans doute ? l'origine du conflit qui se joue actuellement sur le sol ukrainien.
Alors que le chancelier Helmut Schmidt n'excluait pas une "guerre pour le p?trole" en Europe dans les ann?es 1970, personne n'aurait pu imaginer qu'en ce d?but de 21e si?cle puisse se produire sur notre continent ce qui pourrait bien ressembler ? une guerre pour le gaz et, plus largement, le contr?le de l'?nergie.

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